Les résultats du premier tour confirment la disparition des partis traditionnels, les progrès de l’abstention et du vote protestataire, et finalement la fragmentation de l’électorat en blocs relativement homogènes. Peut-on balayer cela d’un revers de main et s’étonner comme le faisait récemment un commentateur que « le peuple d’un si beau pays qui ne se porte pas si mal [puisse] vouloir renverser la table sur un simple caprice ? », ou bien faut-il y voir les signes inquiétants d’une corruption progressive de nos mœurs politiques ?
Un régime représentatif est dit libre ou en bonne santé quand les citoyens qui désignent leurs représentants possèdent les moyens de leur indépendance. Il n’est ni défini par une Constitution particulière ni par un programme spécifique. C’est au contraire la diversité des Constitutions et la succession des partis politiques qui forment autant de manières d’assurer que gouvernants et gouvernés mettent en partage les motifs qu’ils ont d’agir collectivement, que les premiers servent efficacement le bien commun et que les seconds voient leur participation politique (matérialisée a minima par le vote) non seulement comme utile mais comme bonne et souhaitable en tant que telle.
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