Des voix de plus en plus nombreuses à gauche voudraient faire de la défense des minorités opprimées le nouvel horizon indépassable de notre temps. Dans le cadre d’un tel projet d’hégémonie culturelle, il n’est pas compliqué de voir en quoi la gauche identitaire a besoin de l’université pour survivre et se développer. À une époque où l’accès aux classes supérieures est de plus en plus étroitement conditionné par l’obtention d’un diplôme universitaire, l’influence de cette institution sur les esprits qui nous gouvernent n’a certainement jamais été aussi grande. Et, si cela ne suffisait pas, la durée des études supérieures augmente elle aussi, et avec elle notre exposition aux discours et aux modes qui prévalent dans ce milieu. Or, nous n’avons presque que des raisons de nous en inquiéter. L’idée édifiante selon laquelle l’université serait un lieu, et même le lieu par excellence, d’apprentissage de l’esprit critique souffre en effet de bien des démentis à l’ère de l’éducation de masse et des classements internationaux. Et c’est la rigueur même des savoirs qu’elle transmet qui est aujourd’hui remise en cause par des expériences telles que celle effectuée par Helen Pluckrose, James Lindsay et Peter Boghossian.