Selon l’interprétation encore aujourd’hui largement reçue par les élites occidentales, les leaders dits «populistes» seraient, dans chaque cas, de simples accidents de l’histoire politique de leur pays. Leur pouvoir n’aurait pour origine que la crédulité des électorats face à un style de discours destiné à les induire en erreur sur le mouvement inévitable de nos sociétés vers plus d’échanges globaux, plus de normes internationales, plus de diversité et plus de droits.
Sur le fondement de cette interprétation, ces mêmes élites en concluent que ces nouveaux dirigeants ne sauraient résister à l’épreuve des faits et qu’un effort d’éducation et de pédagogie peut suffire, à moyen terme, afin de récupérer les citoyens que leurs mensonges ont égarés. En organisant à Rome une seconde Conférence sur le Conservatisme National, le 4 février dernier, Yoram Hazony, auteur israélien de La vertu du nationalisme, entendait au contraire montrer l’unité sous-jacente et la profondeur de dessein qui réunit ces phénomènes politiques pourtant divers. Malgré l’importance des moyens déployés, les organisateurs ont de nouveau fait le choix d’un événement assez restreint, avec quelque 200 invités pour une trentaine d’orateurs issus des milieux politiques et intellectuels conservateurs. L’enjeu pour ceux qui s’étaient réunis ce jour-là était de comprendre quelle attitude adopter afin d’éviter que ces victoires politiques qu’ils soutiennent ne finissent par mourir sans héritage.