L’immigration constitue aujourd’hui une préoccupation centrale des électorats occidentaux. Bon gré mal gré, les forces politiques tâchant d’attirer leurs suffrages ont dû se positionner sur la question. L’exclusion de ce thème lors du grand débat national suffit toutefois à démontrer le malaise que continue de susciter son évocation. Dans un rapport récent intitulé «Immigration et préférences pour la redistribution en Europe», l’IZA (un institut de recherche allemand spécialisé dans l’économie du travail) est parvenu à établir que le rejet de l’État-providence est plus élevé dans les régions où les immigrants se trouvent en plus grand nombre. La défense d’une politique généreuse en matière d’immigration et celle des acquis de l’État-providence sont pourtant deux politiques mises en avant par la gauche, et même deux éléments centraux de son projet. Le fait que la première ait pour conséquence le rejet de la seconde devrait inciter ses militants et ses responsables à la réflexion. Si redistribution et immigration sont dans une certaine mesure incompatibles, à quel objectif donner la priorité? Et comment comprendre les raisons de cette contradiction ?