Défaite et dispersée, la gauche américaine cherche la voie de sa reconstruction. Comme les élites progressistes ont rendu possible la victoire de Donald Trump, les avocats du renouveau ne sauraient les épargner. Rejetant pourtant l’option populiste qui consisterait à écarter l’élite du pouvoir, trois voix de gauche, Mark Lilla, Yascha Mounk et William Galston, s’essaient à un difficile exercice d’éducation politique auprès de leurs alliés, dirigeants ou simples militants, afin qu’ils s’investissent dans un projet politique renouvelé.
Les trois auteurs présentent de remarquables parallèles. Ils plaident ainsi pour un retour du politique en renvoyant dos à dos les populistes et les technocrates ou, pour reprendre l’expression de Mounk, le libéralisme antidémocratique et la démocratie antilibérale. Ils s’attaquent également, particulièrement Lilla, au tournant identitaire du militantisme à gauche, accusé de fragmenter la société et de rendre impossible la construction civique. Ils s’accordent enfin, à des degrés divers, sur une reterritorialisation du politique autour de la nation. C’est pourtant là que l’on détecte, malgré d’importants chevauchements, un début de divergence concernant ce qu’ils entendent tous les trois par la communauté politique ou le commun, auxquels ils voudraient nous faire retourner.